Demandez à des femmes ménopausées quel est le premier mot qui leur vient à l’esprit quand on mentionne le mot SEC ? Les réponses vont vous surprendre. Voici quelques-unes des réponses les plus fréquentes recueillies lors de ce sondage informel dans mon centre de ménopause.
« Mon mari a un humour très sec… c’est vraiment agaçant »
« Ma peau est vraiment sèche et ridée… La ménopause, c’est l’enfer ! »
« J’aime mes martinis secs… vraiment secs »
Aucune femme n’a mentionné la sécheresse vaginale ! Parler du vagin reste tabou dans notre société et il n’est pas surprenant que même au cabinet de gynécologie, le sujet de la sécheresse vaginale soit souvent ignoré ou passé sous silence. De nombreux obstacles à la communication existent, notamment la réticence de certains praticiens à aborder les symptômes sexuels tels que les douleurs lors des rapports, ainsi que des préoccupations liées au remboursement et à la complexité perçue des traitements. Les femmes, quant à elles, peuvent être gênées ou inquiètes de la façon dont elles seront évaluées et/ou être préoccupée de l'innocuité des traitements.
La sécheresse vaginale ne touche pas que les femmes matures ! Les femmes qui allaitent, celles qui prennent certains médicaments (croyez-le ou non, jusqu’à 300 médicaments peuvent causer une sécheresse, y compris les antihistaminiques et les contraceptifs oraux combinés), ou qui souffrent de diverses pathologies (lupus, etc.) peuvent toutes être concernées par la sécheresse vaginale.
Avec la fin des cycles menstruels et le début de la ménopause, une grande variété de symptômes peuvent apparaître. Si la plupart des femmes associent bouffées de chaleur et ménopause, peu font le lien entre sécheresse vaginale et ménopause. On estime qu’environ 50 % des femmes ménopausées souffriront de symptômes chroniques, progressifs et pénibles de sécheresse vaginale. Sans traitement, la femme ressentira inévitablement une série de symptômes gênants.
Les femmes peuvent ressentir divers symptômes indiquant une atrophie vaginale et vulvaire. Parmi les plus fréquemment rapportés figurent :
- Douleur, gêne ou irritation vaginale Sensation de douleur ou de chaleur au niveau de la vulve et du vagin
- Sensation de brûlure ou de picotement
- Appréhension des examens pelviens et digitaux
- Rapports sexuels douloureux (dyspareunie)
- Sensations de coupures au niveau de l’orifice vaginal Saignements ou spottings vaginaux avec un traumatisme minime
En plus des symptômes gênants mentionnés ci-dessus, une femme ménopausée souffrant de sécheresse vaginale et d’atrophie des tissus peut également présenter une fréquence accrue d’infections urinaires et leurs symptômes associés (dysurie (brûlures lors de la miction), mauvaise odeur à la miction, fréquence (envie d’uriner tout le temps), urgence (besoin pressant d’uriner), nycturie (mictions nocturnes) ou hématurie (sang dans les urines)). Les symptômes évoquant d’autres infections pelviennes, comme des pertes type « fromage blanc », verdâtres/malodorantes ou jaunes, peuvent aussi signaler des changements vaginaux liés à la ménopause. Cela s’explique par le fait que d’autres infections vaginales courantes, comme la vaginose bactérienne et la candidose, sont plus fréquentes lors de la vaginite atrophique ménopausique.
Quelle est l’intensité des symptômes ?
Plusieurs enquêtes ont posé cette question aux femmes ménopausées. Deux d’entre elles méritent d’être discutées.
L’étude VIVA (Vagina Health Insight Views and Attitudes) était une enquête internationale en ligne qui a évalué l’impact des changements et inconforts vaginaux sur la qualité de vie globale. Parmi les résultats marquants aux États-Unis :
- 75 % ont signalé des conséquences négatives sur leur vie sexuelle.
- 68 % déclarent que cela les fait se sentir moins désirables et moins sexy
- 36 % ont déclaré que cela les faisait se sentir vieux
- 33 % ont signalé des effets négatifs sur leur mariage ou leur relation
- 25 % ont signalé une baisse de l’estime de soi sexuelle
L’étude REVIVE (Real Women’s Views of Treatment Options for Menopausal Vaginal Changes) est la plus grande enquête menée auprès de femmes aux États-Unis, ayant interrogé plus de 3 000 femmes présentant des symptômes de SGUM (Syndrome Génito-Urinaire de la Ménopause, ou atrophie vulvovaginale):
- 85 % des femmes en couple ont indiqué que cela affectait négativement leur intimité.
- 59 % des femmes ont déclaré que les symptômes diminuaient le plaisir sexuel.
- 47 % ont déclaré que cela avait eu un impact sur leur relation
- 27 % déclarent que leurs symptômes de sécheresse vaginale et vulvaire ont eu un effet négatif direct sur leur qualité de vie globale
En résumé : les femmes souffrent en silence des symptômes de la sécheresse vaginale et devraient être proactives pour obtenir de l’aide face à ces symptômes gênants.
Mais avant d’aborder les traitements, revenons un peu en arrière et discutons des changements biologiques et anatomiques. Un vagin en bonne santé adore les hormones, surtout l’œstrogène, et le vagin normal a un aspect rose, luxuriant, avec de nombreux plis et une grande élasticité. Malheureusement, avec la perte d’hormones, le vagin et les tissus peuvent devenir secs et pâles. La muqueuse vaginale peut paraître plate, décolorée, rigide ou raide.
Un examen pelvien peut révéler un épithélium pâle, lisse, aminci et extrêmement fragile. Votre professionnel de santé peut réaliser un simple test acido-basique avec du papier pH pour évaluer l’environnement vaginal. Comme pour de nombreuses affections, il existe plusieurs méthodes pour traiter efficacement les signes et symptômes de la maladie, certaines conservatrices, d’autres plus agressives sur le plan thérapeutique. En cas de sécheresse vaginale, les hydratants et lubrifiants appliqués localement ont gagné en popularité grâce à leur facilité d’utilisation, leur faible coût et leur accessibilité sans ordonnance.
Les hydratants:: ils aident à maintenir l’intégrité vaginale et apaisent de l’extérieur vers l’intérieur. Cela signifie qu’ils peuvent, et il a été démontré qu’ils sont, quelque peu efficaces comme traitement de première intention pour la prise en charge de la sécheresse vaginale, mais qu’ils ne modifient souvent pas l’architecture sous-jacente des tissus vaginaux. L’utilisation généreuse d’hydratants vaginaux locaux, non médicamenteux et non hormonaux, peut soulager les symptômes de l’atrophie vaginale. La plupart de ces produits sont recommandés deux à trois fois par semaine, mais ils peuvent être adaptés aux besoins spécifiques de chaque femme et à ses symptômes particuliers.
Les lubrifiants facilitent les rapports : Lubrifiants sont utilisés lors des rapports sexuels pour rendre l’intimité plus confortable. Plus de 50 % des couples utilisent d’ailleurs un lubrifiant pour augmenter leur plaisir sexuel. Il existe aujourd’hui de nombreux types de lubrifiants (à base d’eau, de silicone, de pétrole, hybrides) et certains nouveaux produits sont sans glycérine ni parabènes. D’autres sont bio et sans parfum.
Ordonnances : Votre professionnel de santé peut vous recommander un médicament sur ordonnance qui aide à restaurer, revitaliser et réhydrater la muqueuse vaginale. On sait que les hormones locales faiblement dosées ou les comprimés oraux contre la sécheresse vaginale sont efficaces et peuvent avoir des effets secondaires étendus sur l’anatomie génitale ou pelvienne. L’utilisation d’une prescription n’empêche pas d’utiliser également un hydratant et/ou un lubrifiant.
Un mot d’avertissement sur les solutions trouvées dans la cuisine :
Certaines femmes ont opté pour la solution du placard de cuisine, choisissant leur huile de cuisson préférée (huile de coco, d’avocat, d’arachide ou d’olive extra vierge) et ont commencé à introduire ces produits dans leur vagin. Prudence : des données émergentes montrent que certains de ces produits peuvent effectivement fonctionner mais peuvent aussi augmenter le risque d’infections vaginales sérieuses. Gardez les produits du placard pour vos pâtes !
Soyez maître de vous-même
Les femmes doivent être méthodiques et lire attentivement les étiquettes. Concentrez-vous sur les ingrédients et sachez que tous les produits vaginaux ne se valent pas. La composition est essentielle ! L’acide hyaluronique a gagné en popularité comme ingrédient courant dans les produits vaginaux car il s’agit d’une molécule naturellement présente dans le corps et qui joue un rôle majeur dans l’hydratation. Elle a la capacité de retenir 1000 fois son poids en eau et est largement utilisée en médecine, notamment pour traiter l’arthrose et la raideur articulaire. Elle est également utilisée pour traiter les peaux abîmées et vieillissantes.
De nombreux produits sont commercialisés comme « naturels » mais contiennent des additifs chimiques agressifs. Il peut être judicieux d’éviter les produits avec des odeurs, parfums, colorants, agents chauffants, bactéricides ou spermicides, qui peuvent souvent endommager la muqueuse vaginale fragile. Envisagez d’éviter : menthol, parabènes, glycérine et Nonoxynol-9.
Une femme est censée vivre au moins un tiers de sa vie en ménopause ; ces belles années devraient être exemptes de symptômes. Il n’est pas nécessaire de souffrir en silence. Il existe des solutions sûres, efficaces et simples contre la sécheresse vaginale.
